mercredi 11 mars 2009

L'amour est un crime parfait

Le vertigineux décentrage qu’effectue l’analyste situe le sens de toute parole dans sa finalité sous-jacente. La demande d’amour est un des ressorts secrets de nos façons d’être et de nous manifester. Toute la technique analytique repose sur cette intuition décisive de Freud, que chaque cure confirme : le discours associatif est au service d’une demande actuelle, c’est-à-dire au service du transfert. Cette demande aura la forme d’une exigence, d’une prière, d’une adjuration, d’une revendication, d’une sommation, d’une extorsion, d’un chantage…C’est cette visée secrète qui éclaire certains comportements énigmatiques en les situant « au-delà du principe de plaisir ». A distance du masochisme ou du sadisme dont ils ont l’apparence, les modes de nous faire aimer répètent indéfiniment l’archaïsme qui les a institués.
Agresser, souffrir, tourmenter, satisfaire, s’efforcer, contrarier, soumettre, s’absenter, dépérir, semer la discorde, se taire, subir, être gentil, renoncer…L’amour s’extorque, tout autant qu’il se mérite, se mendie ou s’attend. Ce qu’en son nom chacun inflige aux autres ou à soi-même, lui semble depuis toujours pleinement légitime. L’amour est un crime parfait !

Jean-Claude LAVIE, L’amour est un crime parfait (Folio essais,p. 49).

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